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Exemple extraordinaire de Neuro-plasticité                                               Le cas de Cameron Mott

La plasticité du cerveau est longtemps restée sous-estimée. Le cas de Cameron Mott, une petite Américaine à qui l'on a ôté un hémisphère, reste exemplaire

 

C'est une jeune fille comme l'Amérique les aime. Boucles blondes, le regard charmeur et une véritable miraculée. A trois ans, Cameron Mott souffrait de crises d'épilepsie d'une rare violence, qui la clouait au sol pendant plusieurs minutes - parfois plus de dix fois par jour. "Son quotidien était un enfer nous laissant totalement désemparés, il nous a fallu consulter différents hôpitaux avant de savoir ce qu'elle avait", se souvient sa mère Shelly.  

Le diagnostic tombe après trois années de cauchemar : Cameron souffre du syndrome de Rasmussen, une maladie neurodégénérative extrêmement rare détruisant peu à peu les tissus cérébraux. Le mal touche l'hémisphère droit du cerveau de la petite fille, qui envoie à la partie gauche de son corps de puissantes décharges électriques responsables des crises et des chutes à répétition. Pour les médecins, la seule chance de survie consiste à pratiquer une hémisphérectomie : ôter l'hémisphère malade et le remplacer par du fluide cérébro-spinal afin de combler le vide. 

"Lorsque le diagnostic est tombé mon mari et moi étions soulagés de pouvoir enfin mettre un nom sur la maladie de Cameron, mais aussi effrayés par la seule solution que l'hôpital proposait. Pourtant avions nous réellement le choix? La vie de ma petite fille était devenue si terne: elle souffrait constamment de crises et des effets secondaires de ses médicaments.  

Rééducation prodigieuse

 

​En prenant la décision de l'opérer nous lui donnions une chance de s'en sortir", raconte Shelly. Une opération exceptionnelle, sans garantie de succès. "Le risque principal est d'abîmer la partie du cerveau de l'enfant non endommagée et que celui-ci ne se réveille pas après la très lourde anesthésie", explique le neurochirurgien George Jallo, qui a opéré Cameron Mott au centre John Hopkins de Baltimore (Maryland). L'opération, effectuée en 2007, dure sept heures. Cameron débute une rééducation prodigieuse. Au bout de trois semaines seulement, elle quitte l'hôpital en marchant seule. 

 

​Aujourd'hui, Cameron a 14 ans. Elle vit presque comme les autres adolescentes de son âge, suit un cursus normal, possède un compte instagram. "Elle se fatigue juste plus vite que ses camarades et il lui faut un peu plus de temps pour assimiler certaines connaissances", raconte Shelly. Elle n'a pas non plus retrouvé l'usage intégral de son bras gauche. Comment en serait-il autrement, avec un demi-cerveau en moins? Chez l'enfant les connexions neuronales sont capables de se régénérer bien plus rapidement que chez l'adulte : plus le cerveau est jeune, plus la plasticité cérébrale est grande.  

 

​Lire aussi : "Le cerveau se répare lui-même", interview du neurochirurgien Hugues Duffau 

 

​Dans les annales de médecine, une hémisphérectomie très tardive a déjà été réalisée sur une jeune femme de trente-cinq ans. Si celle-ci a survécu à l'opération, elle reste lourdement paralysée. Contrairement à la petite Cameron qui a pu retrouver la plupart de ses capacités physique grâce à son jeune âge au moment de l'intervention. Aujourd'hui, plus que tout, sa mère se réjouit d'une chose: "Je la vois profiter avec bonheur de chaque instant de l'existence." 

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